Le programme spatial de la république populaire de Chine a accompagné l'essor économique très rapide du pays durant les années 1990.
La Chine dispose désormais d'une famille de lanceurs complète, les lanceurs Longue Marche, et a mis sur pied des programmes couvrant l'ensemble de l'activité spatiale : satellites de télécommunications, d'observation de la Terre, météorologiques, navigation, satellites de reconnaissance militaire.
Elle a lancé par ailleurs un programme spatial habité qui s'est traduit par un premier vol habité en 2003 et la mise en orbite d'un embryon de station spatiale, Tiangong 1 en 2011.
La Chine a un plan de développement ambitieux qui comprend à court terme la réalisation d'une station spatiale en orbite basse, l'envoi de robots à la surface de la Lune ainsi que le développement d'une nouvelle famille de lanceurs développée à partir de composants mis au point pour son premier lanceur lourd Longue Marche 5 dont le premier vol a eu lieu le 3 novembre 2016.
Comme la plupart des autres puissances spatiales, la Chine a commencé par développer des missiles balistiques qui ont par la suite constitué le point de départ pour la réalisation de lanceurs. En 1956, la décision de développer un programme de missiles balistiques est prise.
En octobre 1956, un institut de recherche rattaché au ministère de la Défense aux moyens modestes et baptisé Cinquième Académie est fondé à Pékin pour développer un missile et un lanceur de satellites.
La Chine profite du retour de plusieurs dizainesde chercheurs d'origine chinoise chassés des États-Unis par la paranoïa anticommuniste des années 1950.
Qian Xuesen chercheur de haut niveau ayant travaillé sur les programmes de missiles et de lanceurs américains est autorisé à rentrer en Chine en 1955 après de longues négociations entre les gouvernements américain et chinois et joue un rôle fondamental dans la fondation du programme des fusées chinoises en prenant la tête de la Cinquième Académie.
Mais courant 1959, les relations entre la Chine et l'Union soviétique se détériorent et la Chine doit poursuivre à compter de 1960 le développement de ses missiles sans aide étrangère.
En mai 1965, la construction d'un satellite artificiel est remise à l'ordre du jour dans le cadre du projet 651.
Le missile intercontinental DF-4 en cours de développement sert de point de départ pour le développement du lanceur léger Longue Marche 1 capable de placer 0,5 tonnes en orbite basse.
L'industrie spatiale est réorganisée en 4 «Académies» dont l'Académie chinoise des technologies des lanceurs (abrégé en CALT en anglais) installée à Pékin et chargée de la réalisation du lanceur et l'Académie des technologies spatiales de Shangaï (abrégé en SAST en anglais) chargée de développer les satellites.
La Chine, à la surprise des autres nations, devient la cinquième puissance spatiale après l'Union soviétique, les États-Unis, la France et le Japon.
Les dirigeants chinois décident de fixer des objectifs plus ambitieux au programme spatial. Dès le milieu des années 1960, il avait été décidéde développer à partir du missile intercontinental DF-5 les lanceurs de moyenne puissance Longue Marche 2 (CZ-2) à Pékin et Feng Bao 1(FB 1) à Shangaï.
Une deuxième Xichang est construite dans une région montagneuse du Sichuan qui a été volontairement choisie parce qu'elle se situe à bonne distance de la frontière avec l'Union soviétique.
Le premier vol du lanceur CZ-2, qui a lieu le 5 novembre 1974, est un échec.
Le deuxième tir parvient à placer en orbite lesatellite FSW-0, le 26 novembre 1975. Le premier missile balistique intercontinental chinois est tiré avec succès à sa portée maximale en mai 1980.
La disponibilité d'un lanceur capable de placer les satellites en orbite géostationnaire débouche sur la création de la Compagnie de la GrandeMuraille qui est chargée à partir de 1985 de commercialiser des lancements auprès de clients étrangers.
L'objectif est d'utiliser les revenusgénérés par cette activité pour financer l'amélioration progressive des lanceurs chinois.
Mais les clients potentiels sont réticents à se tournervers ce nouveau lanceur et il faut attendre le 7 avril 1990 pour que le premier satellite de télécommunications, commercial mais chinois, AsiaSat-1, soit lancé depuis la base de Xichang par une fusée Longue Marche-3.
Dans lesouci d'une plus grande efficacité, deux nouvelles entités remplacent à compter du 22 avril 1993 le ministère.
Le CNSA (Agence spatiale nationale de la Chine) est chargée de définir, à l'image des agences spatiales étrangères, la stratégie spatiale de la Chine.
Le CASC est chargéede réaliser les développements. En 1998, le CASC est éclaté en plusieurs sociétés qui sont toutes détenues par l’État mais qui sont gérées de manière autonome.
Les autorités chinoises publient pour la première fois en 2000 un livre blanc sur l'activité spatiale chinoise.
Celui-ci est subdivisé en troisdomaines : technologie, applications et science. Les bénéfices de la coopération et des échanges internationaux y sont mis en avant tandis que le programme spatial habité y occupe une place discrète.
Au cours de la décennie, les réalisations du programme spatial chinois continuent à être mis en avant par les dirigeants comme la preuve de la réussite du socialisme chinois.
La Chine accumule durant cette décennie les succès dans un grand nombre de domaines : déploiement du système de positionnement à usage militaire Beidou, développement de l'activité d'observation de laTerre et de systèmes de reconnaissance militaire, satellites d'observation et de recherche océanographique, systèmes de télécommunications couvrant toute la gamme des services, mise en place d'un réseau de satellites météorologiques, lancement de sondes spatiales lunaires.
Le premier projet de sonde spatiale lunaire chinoise est proposé dès 1962 par l'Université de Nankin.
Mais lorsqu'en 1970, la Chine parvient à placer en orbite son premier satellite artificiel, les missions scientifiques ne constituent pas une priorité.
Le sujet n'est à nouveau abordépar les responsables chinois qu'en 1994 à la suite du succès de la sonde spatiale Hiten lancée par le Japon, qui démontre que l'exploration lunaire n'est pas un monopole des deux principales puissances spatiales.
Mais, une nouvelle fois, la priorité est donnée au programme habité. En 1995, le directeur de la recherche spatiale de l'Académie chinoise des sciences, Jiang Jingshan, annonce toutefois qu'un projet d'orbiteur lunaire est à l'étude.
La première mission lunaire, baptisée Chang'e 1, est finalement approuvée le 28 février 2003 sous le nom officiel de projet 211, avec un budget de 1,4 milliard de yuans (140 million d'euros).
La Lune
La planète Mars
De manière symbolique, la Chine dépasse en 2011 pour la première fois les États-Unis par le nombre de lancements dans l'année, avec 19 tirs effectués (un seul échec) contre 18 seulement (un échec également) pour les Américains.
Les Russes restent toutefois bien devant avec 33 lancements, dont 3 échecs partiels ou totaux. En juin 2013, la Chine a lancé depuis son entrée dans l'ère spatiale 232 engins spatiaux, dont 26 étrangers. Dont 105 sont encore opérationnels. En 2019, la Chine est premier rang en termes de lancement.
Depuis le début des années 2010, la Chine étudie le développement de Longue Marche 9 (CZ-9), un lanceur capable de placer 130 tonnes en orbite basse ayant une masse au décollage de 4000 tonnes et un diamètre de 10 mètres. Ce lanceur est associé à un projet de programmelunaire avec équipage.
La Chine est devenue en 2003 avec le programme Shenzhou la troisième puissance spatiale après la Russie et les États-Unis à lancer un homme dans l'espace par ses propres moyens. À cet effet, elle construit des engins spatiaux avec l'aide de la Russie en reprenant dans leurs grandes lignes les caractéristiques des engins russes. Après quatre vols sans équipage entre 1999 et 2002 du vaisseau Shenzhou, celui-ci emporte le 15 octobre 2003 le premier astronaute chinois Yang Liwei lancé à bord d'engins spatiaux nationaux.
Plusieurs missions avec équipage lui succèdent à un rythme relativement lent. En 2005 (équipage de 2 astronautes), 2008 (première sortie extravéhiculaire).
L'étape suivante est la réalisation d'une station spatiale. Mais cet objectif requiert la disposition des lanceurs de la nouvelle génération, seuls capables de placer en orbite les masses nécessaires.
Les responsables chinois ont choisi comme l'Inde de faire leur début dans le domaine de l'exploration du système solaire en lançant des engins d'une sophistication croissante vers la Lune qui présente l'avantage d'être à faible distance et donc de réduire la complexité des missions.
La première sonde spatiale chinoise Chang'e 1 est placée en orbite autour de la Lune en novembre 2007.
Un des objectifs qui lui sont assignés est la recherche d'un isotope rare de l'hélium, l'hélium 3, qui pourrait avoir des applications dans la production d'énergie (fusion nucléaire).
L'orbiteur lunaire Chang'e 2 est lancé en octobre 2010.
À l'issue de sa mission il est dirigé vers le point de Lagrange L2 avant d'effectuer un survol de l'astéroïde (4179) Toutatis qui démontre la maitrise des ingénieurs chinois.
La Chine a développé le petit orbiteur Yinghuo 1 qui devait être transporté par la sonde spatiale russe Phobos-Grunt jusqu'à l'orbite martienne.
Malheureusement le lancement qui a lieu fin 2011 s'achève de manière prématurée à la suite d'une défaillance de l'engin russe qui ne parvient pas à quitter l'orbite terrestre.
En 2014 les responsables chinois décident de développer une mission à destination de Mars qui combine un orbiteur et un astromobile (rover) de 200 kg.
Seule la NASA a jusqu'à présent réussi à tenir des objectifs techniques aussi ambitieux pour une mission martienne. Les objectifs scientifiques de la mission chinoise portent sur la géologie de Mars, la présence actuelle et passée d'eau, la structure interne de la planète, l'identification des minéraux et des différents types de roches à la surface, ainsi que la caractérisation de l'environnement spatial et de l'atmosphère de Mars.
La sonde spatiale d'une masse totale de 4,9 tonnes, baptisée Tianwen-1, est lancée sur sa trajectoire interplanétaire en juillet 2020 par le lanceur lourd Longue Marche 596,97. Les responsables chinois proposent de lancer à la fin de la décennie 2020 une mission de retour d'échantillons martiens, projet dont la complexité a jusqu'à présent fait reculer la NASA et l'Agence spatiale européenne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_spatial_de_la_Chine
https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/industries/conquete-spatiale-comment-xi-jiping-veut-realiser-le-reve-d-espace-de-mao_AV-202105010180.html
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